Même le Soleil. Le Soleil Se refroidit de jour en jour. Juste un peu moins vite… que l’amour.Michel Jonasz
4 juillet. Fête Nationale à mi-temps.
J’ai passé la nuit sur le pont d’un Battlestar transitoire, donnant une journée à une Cause qui n’est pas, pour une fois, celle qui vient de dévorer 3 mois de ma vie.
La nuit était moins blanche que mes yeux n’étaient noirs. Les nuits, si longues qu’elles se fassent, ont toujours eu du mal à me battre, sur le chapitre de la monochromie.
Je me suis dit avec amusement, sur le coup de 7h30 du mat, que je passais tant de mon temps à plaider la cause des hommes, alors que je les déteste fondamentalement. Me suis demandé, brièvement, si cela correspondait à une quelconque pathologie. Très brièvement. J’ai toujours pensé que si les hommes ne voulaient pas être détestés, ils n’avaient qu’à pas se rendre détestables.
Prenons acte.
Au vu du lacis massif d’incohérences qui jalonne actuellement les comportements de mes congénères (au « virtuel » comme en « direct »), je me suis posée la question rituelle = Mercure serait (encore !) rétrograde ? Devinez quoi ?
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2013 Retrograde Dates
In 2013, Mercury will be retrograde from:
February 23–March 17
June 26–July 20
October 21–November 10
(commentaire lugubre intérieur : Merde…. we’re screwed).
Quoi qu’en disent les bouchés-du-bulbe, l’astrologie est une science, puisqu’on peut la vérifier empiriquement — avec une marge d’erreur assez minime pour qu’elle sème la… panique ! Elle partage avec une autre ‘science’ (assez reconnue par la Sécu pour qu’elle en rembourse l’usage) d’amusantes ressemblances. Je parle de la psychologie / psychanalyse. Dans les deux cas savoir / comprendre… ne sert absolument de rien. On ne sort pas plus de ses pathos en les décryptant qu’on ne maîtrise son futur en possédant son thème. Et dans un cas comme dans l’autre… la règle de la paille et la poutre s’applique absolument.
Mercure marine en Poissons, me dit-on. Le bougre de rétrograde m’a toujours remarquablement épargnée. Je ne suis pas étonnée qu’il le fasse d’autant plus à présent, en « poissonnant » dans des zones où s’étire la merveilleuse configuration aquatique de ma génération (la config’ qui présida, d’après les spécialistes, à l’éclosion de la Gen Punk et au sursaut de mai 68, entre autres). Ce qui m’amène à méditer, plus spécifiquement, sur le mot… rétrograde.
Ré-tro-gra-de.
Au moment où ce pays semble tout entier soumis à sa délétère influence, le rouler un peu sur la langue ne semble pas inutile !
Aller-en-arrière. Régresser. hm.
Et pourtant… plus les « gens » se laissent aller à cette régression, plus ils vieillissent. Ils remontent leur expérience en opérant un « delete », mais… pas le temps (quelle chance pour l’industrie des cosmétiques !) En bref : foin des poncifs sur « la sagesse qui vient avec l’âge » (aussi divinement ironiques que le crétin « l’appétit vient en mangeant » ?), la vérité, c’est que, bourgeois ou pas — mon cher Brel — plus on devient vieux, plus on devient bête.
C’est un incroyable paradoxe, quand on y pense. Le Grand-Secret-des-Adultes, qu’ils essayent à toute force de cacher à leurs enfants, c’est que « l’âge adulte » est une illusion. Que toutes les « grandes personnes » restent, à l’intérieur, des adolescents. enfin… Dans le meilleur des cas ! car si « l’âge adulte » est un mythe, la vieillesse, elle, existe bel st bien. M’est avis que certains passent, quasiment sans palier, directement d’un de ces états à l’autre. Je constate avec déplaisir que cette déchéance se produit de plus en plus tôt. Les « jeunes gens » sont si anxieux de se poser en adultes qu’ils deviennent avant l’âge de sinistres vieillards. Aucun, évidemment, ne le réalise. Et chacun le niera avec fougue, et outrage, tout en pointant chez le voisin des erreurs dans lesquelles ils se hâteront de tomber, à la moindre tentation, avec une rapidité d’autant plus désespérante qu’ils l’ont fustigée chez autrui.
On me parlait hier soir, tandis que j’évoquais la possibilité d’une piste mercurienne, de « l’hyper-émotivité » actuelle du bon peuple. De l’aspect excessif des réactions. Comme c’est joli.
J’ai, moi, en ces temps, bien des raisons d’être « émotive ». Que je ne listerai pas ici (on n’est plus aux temps de Myspace, crénom ! Et 99,999% des ceux qui jouaient, là-bas, à se prendre pour des fay sont à présent en maison de retraite, & équipés de dentiers mal taillés pour se battre contre les lois des Regs). Mais j’en ai, oui. A foison. Je peux faire un concours avec 100% de mon entourage, et emporter la floche sans coup férir. Et pourtant… je ne le suis pas.
C’est froide, que je suis. Cynique. Et en colère, parfois. Mais dégoûtée, surtout.
Déçue de tout et de tous. De la face de ce pays et de celle, à titre individuel, de chacun de ses habitants.
L’avantage qu’ont, incontestablement, les écrivains sur les non-écrivains, c’est qu’ils peuvent inventer, en leurs pages, des créatures parfaites. Si monstrueuses qu’elles puissent être parfois, elles sont ceci : parfaites. Cohérentes, logiques, presque linéaires (forcément). Un écrivain digne de ce nom de gâchera pas du papier à tracer les bévues, les bêtises, les petits-crimes-par-accident de ses personnages. Alors, dieux merci, pour peu que l’écrivain connaisse un peu son affaire, nos compagnons de papier nous évitent le spectacle de l’incontemplable légèreté humaine.
J’ai vu, lors de ces jours sur le front ReLIRE, certains se plaindre du peu d’appui que nous recevons – mais eux-même se révèlent, bien aisément, touchés de la même subjectivité. Ils n’ont de temps, et d’énergie, que pour les Causes qui les obsèdent, pour des raisons personnelles, qui n’ont en général que peu à voir avec l’importance factuelle des combats en question.
J’ai entendu les uns et les autres se trouver des prétexte pour ne pas agir / ne plus agir / agir ailleurs — tout en chantant « J’voudrais bien – mais j’peux point« . Inconscients parfaitement, cela va sans dire, d’être en train de corner du Annie Cordy (tsouin-tsouins y compris). Et encore plus inconscients, évidemment, de ne pas abuser tous leurs interlocuteurs.
Certains, ces jours-ci, tombent dans l’obscurantisme, et brandissent des croix comme aux meilleurs temps des bûchers. Mais c’est l’univers entier qui semble être devenu, au-delà, un territoire de cristallisation et de paroisses. Et c’est l’aveuglement qui nous tient lieu de chaîne de télévision.
Plus je défends les hommes, moins je les aime. Pour les défendre, il faut les approcher de trop près. Les voir et les entendre, dans toute leur dramatique absurdité. Seul Mr. Spock, d’entre tous les nobles vulcains, trouve ces ratures « fascinantes ».
Cela ne change rien au fait qu’il faut bien évidemment, défendre quand-même ces Causes. Il le faut par principe, pour leur valeur intrinsèques, et sans considérer le faciès des « bénéficiaires ». Un engagement ou un désengagement basé sur quoi que ce soit de ce genre serait une disgrâce monumentale. Et pourtant… d’avoir tapé il y a moins de 24h « l’union fait la force » dans un précédent post, je me trouve à présent bien obligée de rire. D’aucuns disent que « nul homme n’est une île ». Ah oui ? (et la marmotte… hmmm ?) Des îles dérivantes, voilà ce que nous sommes. Et les montagnes que créent nos « unions » ne sont que des tas de cailloux, des cairns, sans ciment solidarisant l’ensemble. Des monts éphémères, pas assez stables pour un tirer une chaîne, pas plus qu’on ne peut faire des hommes, ces îles, des archipels.
Voici d’où provient notre ruine, millénaire après millénaires : de ce que l’hôpital fait de la charité.
J’ai passé ma vie à me battre, c’est ma nature. Mais quelle que soit la taille de l’adversaire, et de ses armées, une seule règle, je crois, préside à la victoire — c’est à dire tout simplement à la survie — « Ne laisse jamais personne t’approcher à bout portant ».
Je suis fatiguée, ce matin.
De l’incohérence, des mensonges que ces autres se vendent, des troubles de la vue, de l’étroitesse des opinions, des miroirs aux alouettes, des concours d’appendices caudaux, des saltos et de leurs saltimbanques, des « deux poids deux mesures », des compromis dont on veux me faire acheter les justificatifs contrefaits, des crises d’adolescences d’enfants qui ne sont pas les miens, des auto-indulgences fardées par les juges, des sensations fortes que l’on se fait au prix des concepts et de la Vérité, des illusions que la syntaxe des forums-webbiens prévaut partout, et que tous les outrages et manquements sont pardonnables. Fatiguée de la vie, et tout autant de la mort et, plus que tout, que certains puissent s’imaginer, même sans en avoir la conscience que moi j’en ai, que ma situation, à quelque titre que ce soit, m’a mise en leur pouvoir, et démunie de mes droits. Et en particulier celui de m’élever contre tout angle de mon sort qui ne me convient pas.
Fatiguée, jusqu’à la nausée, de la forme ridicule de certaines heures.
Si j’étais une de ces « émotives » dont il était question hier soir, je geindrais que « rien n’a de sens ». Mais… au contraire. Tout a un sens. Un sens unique. Intégralement absurde. C’est peut-être, de tous les malheurs, le plus vaste. Que la seule opération qui tombe juste soit toujours celle-là. Et au milieu de ce chaos, une seule pensée, diamantifère, dure, parfaite demeure. Un constat qui enterre tout : quel que soit le degré absolu de ma désillusion, cela ne m’a empêchée, cette nuit, de pisser dans mes violons, de faire oeuvre de principe, contre toutes les statistiques, et de me battre, quoi que je puisse ressentir à titre personnel, pour les idées qui me semblent dignes d’être défendues.
Et tandis que les morts-vivants dormaient, berçant leurs prétextes et cajolant les griffures imaginaires infligées à leurs mercurialités, j’étais sur le pont, d’un bout de la nuit à l’autre. Moi seule ai vu, alors, l’angle vif des étoiles déchirer le vide.
Les idées seules. Pas les hommes.
Jamais un homme ne vaudra une idée.
Ceux qui les professent les singent ; ceux qui les émettent ne les vivent généralement, au mieux, qu’à moitié.
Ils les émettent en fulgurances, et puis tout le reste de leur existence se consume dans la traîne de leurs comètes dévoyées.
Les idées seules, alors. Et Vulcain, évidemment. (ne jamais oublier Vulcain)
Jadis, en d’autres ères, je parlais ainsi sur un autre blog.
Plus maintenant. Même aujourd’hui, bien que la couleur de cette introspection puisse en donner l’illusion.
Je ne parle que pour dire pourquoi, de plus en plus souvent, je ne vous parle pas.
Je suis de plus en plus incapable de feindre ignorer ce que je vois. Et j’en vois de moins en moins le motif.
Les hommes, vraiment, sont tous les mêmes : ils louent la vision des Voyants jusqu’au moment où leur regard blanc se tourne vers eux. et larmoient bien aisément sur « le mal qu’on vous fait » hormis celui qu’ils s’arrogent le droit, eux, de vous infliger. Si l’on mesure l’attachement à ce que l’on accepte de supporter de l’autre, en terme de sauvagerie, de mensonge et d’iniquité, alors en vérité l’affection est la pire des plaies qui se soit échappée de la boîte de Pandore. Il faut jeter sur elle le regard froid du cavalier de Yeats, et ne plus y accorder que les gestes de la comédie qu’on nous réclame – et plus une seule pensée ; si l’on veut qu’elles, au moins, restent pures.
Qu’on ne blâme pas les étoiles d’avoir donné aux navigateur un coeur solitaire, aussi froid que leur pâle lumière, dans le ciel lointain. S’ils ont quitté la Terraferma, après tout, ce n’est jamais pour rien. Et aucun astre, si rétrograde qu’il puisse se faire, n’en est responsable. Les hommes seuls, sans que rien ne les en dédouane. On n’est victime de ses propres étoiles, après tout, que si on le veut bien.
Les hommes seuls.
Je lève ma coupe en l’honneur de la Déesse Lucidité comme ma vraie famille, elle, lève les siennes en riant « Au Gibet ».
Ad mare.
Kay.
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Que Dieu me protège de mes amis ; mes ennemis, je m’en charge.
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De retour de marche tandis que la nuit s’effiloche sur une cité où les éclairages artificiels privent les hommes de la vision du firmament, altérant en tiède mauve la noirceur native de ces heures…
… Je repense (fort) à ce que tu dis sur myspace, une nuit, en des temps où l’approche de fatales élections poussait à rester éveillé :
« Si vous vous levez pour Frontier aujourd’hui, ne vous rasseyez pas. »
C’est resté gravé dans mon ciel. Etoile, boussole, fuel for the soul to keep going (keep fighting) when this world tries to put out the fire…
Je ne sais s’il est juste de l’invoquer cette nuit.
Même sans la tienne « liste des raisons d’être émotive »… il y a tant de poids d’un seul côté de la balance… J’en reconnais certains pour mes responsabilités, comme membre de l’humanité… et du lectorat.
– So I’ll put again my body upon the wheels, my flames sometimes in the middle of the night… (for what it’s worth, dans la pesée des âmes comme des responsabilités collectives)
(« L’âge adulte est une illusion ». Yes…….. Tellement vains, ces parcours. Les lignes des carrières, des ambitions, comme autant de brisées où s’éclatent si souvent la cohérence, les cohésions internes. Ah, plutôt écouter les arbres, et pousser, just grow, up & up again & again, pousser sans relâche vers le ciel…)
Un salut brûlant aux astres, et aux navigateurs.
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